INAUGURATION DE LA PLAQUE COMMEMORATIVE

DU  MAQUIS DE RANZEY DU 18 JUIN 2001

ALLOCUTION DE MONSIEUR Henry BERLET
ancien maquisard de Ranzey

L’implantation du Maquis de RANZEY avait été déterminée par les organisations de la résistance pour couvrir certaines zones sur les arrières ennemis et pour procéder au harcèlement des troupes allemandes en retraite.

C’est ainsi que les chefs de la Région Est avaient décidé de l’installation d’une unité dans le massif « BEZANGE – SORNÉVILLE » pour opérer ce harcèlement sur l’axe NANCY – CHÂTEAU-SALINS – MORHANGE.

Aux côtés des secteurs de NANCY banlieue, PONT-À-MOUSSON – TOUL – BLAINVILLE – BLÂMONT – LUNÉVILLE – BRIEY fut constitué le secteur de MONCEL appelé également NANCY frontière.

Rappelons que les chefs de la Résistance de la région étaient au départ : Monsieur PIERRET Gérard couvrant l’ensemble de la région assisté de Monsieur PARISOT Robert et de Monsieur PROUVÉ Jean architecte, qui fut maire de NANCY.

La région de Meurthe-et-Moselle était commandée par le colonel de PRÉVAL, le secteur de MONCEL par le docteur de MISCAULT dit "ROBIN" ayant comme adjoint DURAND Robert dit "CADOUDAL" et avec comme agent de liaison la courageuse Mlle BOUCHER.

Après les opérations de sabotage effectuées selon les instructions reçues, les ordres d’entrée en action sont intervenus dans le courant du mois d’août à la suite des messages transmis par la BBC. A savoir mobilisation à la mi-août selon les ordres venus des Forces Françaises de l’Intérieur commandées par le général KOENIG : "Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine".

Intervention à faire à la fin du mois d’août : "Je porterai l’Églantine".

Le docteur de MISCAULT avait alors son PC, si mes souvenirs sont bons à l’arboretum de CHAMPENOUX et c’était une chose curieuse et admirable à voir que de l’entendre vociférer contre l’ennemi, alors que les Allemands se trouvaient à proximité-même de cet arboretum dans les fossés et dans les bois.

Le 26 août vers 4h30 du matin, parachutage d’armes et munitions devant le bois de FAULX entre ERBÉVILLER et RÉMÉRÉVILLE, après émission du message : "goudronnez vous les cheveux".

soit 17 containers garnis de 22 mitraillettes (avec 23600 cartouches), 36 fusils avec baïonnettes (6760 cartouches), 6 fusils mitrailleurs (avec 10750 cartouches) et 5 récipients contenants des explosifs avec détonateurs.

Cet armement fût rassemblé et caché en Forêt SAINT-PAUL. Il devait être complété quelques jours plus tard par des apports individuels émanant de notre groupe d’ESSEY-LÈS-NANCY.

Aux environs du 28 août (vraisemblablement dans la nuit du 27 au 28 août ) des points de rassemblement furent fixés et répandus de bouche à oreilles. Un des ces points de rassemblement se situait (nuit du 27 au 28) au sud de la forêt de CHAMPENOUX, sur le territoire de RÉMÉRÉVILLE, à proximité du bois BARROIS au croisement de la tranchée d’ARMAND et du chemin des domaniales de CHAMPENOUX. Nous étions là, dans le triage du garde Forestier AUBERTIN. Il faut aussi rendre hommage aux gardes forestiers de l’époque et à la Brigade de Gendarmerie de CHAMPENOUX qui avec la connaissance des lieux qui était la leur, ont rendu avec discrétion  et courage, les plus grands services à la Résistance.

Hommage sera rendu en particulier pendant le parachutage à l’action de notre camarade le Brigadier de Gendarmerie DANHOFFER, qui fut pendant plusieurs années le Président de notre Association.

Vers 1 heure du matin, le 29 août la centaine d’hommes qui composait le groupe a franchi avec un camion chargé d’armes la route d’ERBÉVILLER à RÉMÉRÉVILLE et a gagné le bois de FAULX à la Baraque des chasseurs, puis la Forêt de RANZEY sur BEZANGE, ATHIENVILLE (triage du garde forestier JACQUARD).

Un autre détachement les rejoignit dans la journée du 30, non sans difficulté, venant d’AMANCE et de LEYR sous la conduite de Guy de FERRIÈRES.

Le maquis s’est alors regroupé et a organisé bivouac et entraînement sur les ordres du Commandant DURAND et du Docteur de MISCAULT soit environ 150 volontaires avec notre ancien Président THIRION qui avait en charge l’intendance de ce maquis.

Nous entrons ici, dans ce qui fût probablement une page d’histoire dramatique des épisodes de la guerre 39/45 en Lorraine.

Les acteurs vous les connaissez, étaient en majeure partie des volontaires lorrains et sur leurs terres.

Le 1er septembre au soir, un coup de main est organisé sur la RN 74, voie d’accès importante pour les Allemands en provenance de la frontière, dans la descente entre MONCEL vers CHAMBREY, au milieu de la nuit, avec attaque d’un convoi allemand.

Quatre Allemands furent tués et le convoi bloqué. Les éléments de cette action rentrent au Maquis sans dommage.

Le 3 septembre, le commandement décide de la prise du village d’ATHIENVILLE. Le rassemblement fut effectué à la nuit vers 21 à 22 heures et le maquis s’empara par une action rapide du village d’ATHIENVILLE, y faisant prisonniers les Allemands qui s’y trouvaient, soit environ 7 Allemands et 2 véhicules.

Le 4 septembre au matin, les différentes sections du maquis qui s’étaient organisées militairement sont rassemblées dans la rue centrale d’ATHIENVILLE et haranguées par le commandant DURAND qui annonce la poursuite de l’offensive contre l’ennemi.

C’est alors que fut décidée l’expédition de SORNÉVILLE, le 4 septembre au matin avec pour but essentiellement de se rapprocher de la RN 74 : route de NANCY – CHÂTEAU-SALINS, où s’effectuait le gros de la circulation allemande.

Cette expédition, donc à partir d’ATHIENVILLE, comporta deux camions : un camion allemand pris la nuit-même dans la commune d’ATHIENVILLE, avec 35 hommes aux ordres de ROBIN (Dr de MISCAULT) et du Capitaine PÉPIN, 1 camion civil avec les hommes de la 2ème Compagnie aux ordres du Commandant DURAND.

La 1ère Compagnie aux ordres du Capitaine BARROYER reste au village d’ATHIENVILLE pour le défendre en cas d’attaque des Allemands provenant notamment de RÉMÉRÉVILLE, avec mise en batterie de fusils mitrailleurs aux différents chemins d’accès.

A SORNÉVILLE, les Allemands occupaient la mairie, où nous sommes actuellement, et le presbytère à côté de l’église, avec une mitrailleuse à chaque endroit. Le clocher était également occupé.

Le 1er groupe avec fusils mitrailleurs et hommes armés attaque courageusement la Mairie. Il fut violemment repoussé par les Allemands occupant l’immeuble et qui placèrent une mitrailleuse à l’entrée, pour prendre la rue en enfilade.

Le 2ème groupe sous les ordres du commandant DURAND s’est alors arrêté devant le presbytère. Il attaqua, avec le camarade GUIDAT, le garage situé à côté de l’église. Mais un fusil mitrailleur allemand entra aussitôt en action et arrêta cet assaut. GUIDAT et DUBOIS furent tués.

Le commandant DURAND ordonna le repli au cours duquel il fut très grièvement blessé. Il fut transporté dans la maison voisine du docteur MANGIN, où il rendit l’âme en murmurant : « Je meurs pour la France »

Devant cet échec, le commandant ROBIN ordonna la retraite, non sans avoir demandé auparavant à notre camarade GRIMONT, alors notre porte-drapeau, de faire ouvrir la porte d’un immeuble situé en face de la Mairie. Ceci pour permettre au capitaine PÉPIN, qui était abrité derrière un tas de bois, et était pris dans un tir de mitrailleuse épouvantable, de se réfugier dans cet immeuble.

Malheureusement  neuf de nos camarades sont glorieusement tombés au cours de cet assaut 

DURAND             Robert           Commandant de BRIN-SUR-SEILLE
BERTRAND         Louis             Lieutenant de NANCY
GAUTHIER          René             de SAINT-MAX
SIMONIN             Gilbert           de MAZERULLES
LHUILLIER          Pascal           de SAINT-MAX
GUIDAT               René             de SAINT-MAX
DUBOIS               Roger            de HERNY (Moselle), réfugié à LANFROICOURT
DUPONT              René             de RUPPES (dans les Vosges)
BORGHI               Marius           de MONCEL

Il y eut plusieurs blessés graves, quelques uns sont encore ici présents. Deux d’entre eux :

CAMBON et AUBRY, que nous saluons ici, furent particulièrement atteints. Ils furent conduits en voiture à l’hôpital de SAINT-NICOLAS par notre vaillant camarade CHARPY qui fut arrêté plusieurs fois en cours de route par les Allemands. Il leur affirma qu’ils avaient été victimes d’une batteuse qui avait explosé.

Honneur à CHARPY !

Le commandant ROBIN (de MISCAULT) ordonna alors le repli sur ATHIENVILLE et alerta le colonel de PRÉVAL pour le mettre au courant de la situation.

Dans l’après-midi, le maquis, en colonne avec ses équipements et ses armes, quitte le village d’ATHIENVILLE et regagne la forêt de RANZEY.

Le colonel BOURDILLAT qui habitait COMMERCY fut alerté par le colonel de PRÉVAL, commandant les Forces Françaises de l’Intérieur de Meurthe-et-Moselle, afin de venir ici même rejoindre le Maquis.

Le colonel BOURDILLAT n’hésita pas une seconde à céder à la demande périlleuse du colonel de PRÉVAL.

C’est alors que le 6 septembre, les Allemands reviennent à ATHIENVILLE et s’emparent d’otages dont le maire, Monsieur HESSE. Ils menacent de tout incendier.

Dans l’après-midi de ce 6 septembre, nous voyons arriver en forêt de RANZEY une très courageuse personne qui était Mademoiselle MACHEREZ, devenue Madame LEFORT, qui à deux reprises, était déjà venue nous informer de la situation d’ATHIENVILLE. Elle était porteuse d’un message émis par les Allemands qui occupaient ATHIENVILLE. Le message était destiné au commandant ROBIN.

« Au Major ROBIN »
« J’étais hier à ATHIENVILLE et j’ai emmené 14 otages. Nous rendrons les otages dès que les 7 soldats allemands auront été rendus. Nous attendrons un jour jusqu’au 06 septembre à 14 heures. En cas contraire nous incendierons le village et fusillerons les otages ».
Message remis aussitôt au colonel BOURDILLAT.

Se tint alors, sous les chênes de la forêt de RANZEY, autour du colonel BOURDILLAT un conseil de guerre particulièrement dramatique, au cours duquel il fut décidé de restituer les prisonniers allemands. Ils étaient une dizaine, car outre ceux qui avaient été faits prisonniers à ATHIENVILLE, venaient s’ajouter ceux qui avaient été pris ici à SORNÉVILLE.

A la nuit ils furent rassemblés, et notre courageux camarade LEFORT, trop tôt disparu, qui devait devenir maire d’ATHIENVILLE, et moi-même avons reconduit les prisonniers allemands à travers bois à ATHIENVILLE. En cours de route, dans cette nuit lugubre, nous avons croisé des habitants d’ATHIENVILLE, craignant le pire, qui fuyaient leur village chargés de quelques bagages et couvertures.

Nous étions nous aussi, porteurs du message suivant, émanant du commandant ROBIN (de MISCAULT) et du colonel BOURDILLAT.

Je cite :
« Commandant ROBIN à Hauptmann MARTENS, chef allemand :
Pour éviter toutes représailles sur la population civile et ses biens nous acceptons vos conditions.
Les prisonniers de guerre : ZIMPFLER Gilles, POLLNER, PODGORNIG Michel, WILLY, GRAUNTJES, THOMAS, Ru KURPANICK, BARCKEHT ont été remis entre les mains de Madame HESSE femme du maire d’ATHIENVILLE. Nous comptons sur votre parole de soldat.

Le 7 septembre 44
signé ROBIN ».

Les Allemands furent enfermés dans une grange et le message remis à Madame HESSE.

Le lendemain ils furent emmenés à LUNÉVILLE, dans l’automobile du laitier, sous la conduite de Mademoiselle MACHEREZ. Les otages qui se trouvaient à la Kommandantur, au château de LUNÉVILLE, ont été libérés vers 12 heures après avoir été longuement interrogés et malmenés : coups de ceinturon, coups de poing, etc.…

Les otages d’ATHIENVILLE, il faut le savoir, étaient les suivants :

HESSE Valentin (qui était maire)
GRENTZINGER Louis
CLAUSSE Lucien
MATHIS de CHAMBREY
ODIN Emile
SAFFROY Emile
MANGIN Joseph.

Qu’il nous soit permis de saluer ici Madame LEFORT pour le courage et le sang-froid dont elle a fait preuve. Elle a accompli au cours de cette période, une mission particulièrement périlleuse qui a sauvé la vie à ses compatriotes d’ATHIENVILLE et a épargné au village les pires représailles.

Il est juste qu’un hommage solennel lui soit rendu.

Cependant les Allemands ne devaient pas en rester là, ils incendièrent 7 maisons à ATHIENVILLE. Le combat de SORNÉVILLE coûta à l’ennemi quatre tués, plusieurs prisonniers et blessés, et produisit sur eux une vive impression.

Le lendemain, un détachement important tentait de cerner la forêt de RANZEY, brûlait la maison forestière du garde JACQUARD, et occupait la Fontaine-aux-Pierres, mais n’osait pas attaquer notre troupe en armes dans les bois.

La Fontaine-aux-Pierres était habitée par Monsieur BLANCHET, ancien directeur de la banque de France de SEDAN, forestier accompli, et qui en avait fait le centre de merveilleuses plantations qui l’entouraient.

Monsieur BLANCHET n’avait pas hésité à donner son accord pour que la Fontaine-aux-Pierres soit le centre de ralliement du maquis et aussi un nom de code.

C’est là qu’avaient afflué les volontaires, la Fontaine-aux-Pierres se trouvait au milieu des opérations entre la Forêt de RANZEY et la Forêt de SORNÉVILLE dans laquelle le colonel BOURDILLAT avait décidé de transporter le camp par mesure de sécurité.

Monsieur BLANCHET se trouvait donc au centre du dispositif ainsi que son petit-fils, notre camarade HERBINET Jacques.

Ils furent aussitôt accusés de complicité et de compromission par les Allemands et, selon leur propre témoignage, ils furent mis au mur de leur maison et prêts à être fusillés.

C’est alors que Monsieur BLANCHET eut une réaction admirable d’homme de tête et de sang-froid, il s’adressa en allemand à l’officier et aux hommes et les a « engueulés » en leur disant que c’étaient eux les terroristes et, que bien entendu il ne dirait rien. Là dessus les Allemands renoncèrent à les exécuter.

BOURDILLAT ordonna alors de faire mouvement et de passer de la forêt de RANZEY à la forêt de SORNÉVILLE où il demeura jusqu’à l’arrivée des Américains.

Un important problème n’avait pas cessé de se poser pendant toute cette période : celui du ravitaillement.

Notre camarade THIRION qui en avait pris la charge utilisait toutes les ressources de son esprit audacieux et inventif et y parvint au mieux (contacts dans certaines communes, abattages de bêtes dans les parcs, etc.…).

D’autre part, une information nous parvint, selon laquelle, il y avait du blé à VIC-SUR-SEILLE. Une voiture partit en direction de VIC, drapeau tricolore au vent, traversant ce véritable "no man’s land " que constituait alors la route de MONCEL à VIC-SUR-SEILLE.

A VIC, nous entrâmes sur la grand’ place dans la magnifique Eglise des CARMES, aujourd’hui très beau musée, qui était en effet remplie de quintaux de blé. Mais nous avons appris alors que les Allemands venaient périodiquement se ravitailler en blé aux Carmes et que, par ailleurs la sécurité à VIC était des plus incertaines.

D’autres solutions s’imposaient donc et furent retenues : des habitants des communes voisines, et notamment de SORNÉVILLE, se dévouèrent pour apporter l’indispensable.

Cependant ce ne fut pas seulement à ATHIENVILLE que se posa le dramatique problème des otages mais aussi à MONCEL-SUR-SEILLE.

Là, les Allemands ont pris un otage par famille dont ils savaient qu’un père ou un fils étaient au maquis.

Ont ainsi été pris :

Madame SENCIER 87 ans, mère de SENCIER Victor.
Monsieur SOUCHON 73 ans, père de SOUCHON Pierre.
Madame AUBRY 50ans, mère d’AUBRY Robert et d’AUBRY André grièvement blessé à SORNÉVILLE.
Madame PERY 45 ans mère de PERY Maurice.
Madame GILBERT 30 ans, épouse de GILBERT Ernest chef du groupe de MONCEL.
Mademoiselle CANTON Simone 16 ans, sœur de CANTON Paul, devenue Madame SIMONIN, remplaçant sa mère Madame CANTON Marie qui avait eu un évanouissement, bousculée et obligée par les Allemands baïonnettes au poing d’explorer sa maison devant eux.

Les 6 otages furent entassés pêle-mêle à la mairie de MONCEL. Couchés sur de la paille souillée, et gardés bien entendu en subissant des interrogatoires serrés pour dénoncer l’emplacement du maquis, ceci pendant 5 jours.

Profitant d’un moment d’inattention de leurs gardiens, certains d’entre-eux se réfugièrent dans une cave voisine jusqu’à l’arrivée des Américains. Ils doivent être vivement félicités pour leur courage, leur patriotisme, et pour avoir tenu tête aux Allemands.

Enfin nous ne saurions oublier le martyr de notre pauvre camarade Marius BORGHI de MONCEL blessé dans le dos et dans les reins à SORNÉVILLE. Il fut ramené par les Allemands à MONCEL. Traîné sur la place publique en présence de sa mère et des autorités, brutalisé pour l’obliger à parler sur la situation exacte et l’activité du groupe. Mais BORGHI ne dit rien.

Il fut traîné jusqu’au pont de la Loutre Noire, et c’est là qu’il rendit l’âme en fin d’après midi.

« Qu’honneur lui soit rendu ! »

D’autre part le Colonel BOURDILLAT et le Commandant ROBIN procédèrent à une réorganisation d’ensemble. En plus de leur Etat Major il fût créé deux compagnies :
1ère compagnie aux ordres du Capitaine PÉPIN avec deux sections.
2ème compagnie aux ordres du Capitaine GILLET avec trois sections.

Il fut par ailleurs décidé :
- de procéder dans la mesure du possible à la dispersion de la troupe et des services pour les rendre moins repérables.
- de procéder à leur mobilité par changement d’emplacements des unités.
- d’assurer les liaisons extérieures, ce qui fut fait avec le Commandement de la Résistance à NANCY (Melle BOUCHER et CHARPY), avec "SAINTE-LIBAIRE" Maquis de LUNÉVILLE (Colonel BOURDILLAT) avec HOÉVILLE (H. BERLET).

Enfin le 17 septembre, une reconnaissance envoyée sur SORNÉVILLE nous informe qu’un premier détachement AMÉRICAIN est arrivé dans cette commune.

L’ordre est aussitôt donné de lever le camp et le gros du maquis s’établit à SORNÉVILLE, très bien accueilli par la population, et établit des postes avancés sur les différentes voies d’accès.

L’Armée américaine devient progressivement maîtresse de la situation et une partie importante des volontaires rejoint NANCY et les unités qui devaient rejoindre la première Armée FRANÇAISE.

Avant de conclure, nous ne saurions manquer de rendre hommage à ceux qui furent les Chefs directs de ce Maquis.

Le colonel de PRÉVAL, chef des Forces françaises de l’Intérieur de Meurthe-et-Moselle. Il était Officier de carrière de la guerre 14/18, commandeur de la légion d’honneur et membre de l’Académie de Stanislas. Il entra dans la résistance, mena de très près la guérilla et la stratégie des mouvements de Résistance LORRAINE, sur lesquels il laissa un livre de mémoires.

Le docteur de MISCAULT dit commandant ROBIN fut l’organisateur de la résistance sur « NANCY Frontière » et créateur du maquis de RANZEY. Il fut d’un courage sans faille jusqu’au déclenchement de l’opération, visitant ses malades avec sa trousse et sa petite voiture. Les Allemands criaient sur son passage «  terroriste, terroriste ! »

Il avait appartenu très tôt au Réseau de Lorraine-Résistance, organisé des sabotages, passé des renseignements à l’ANGLETERE et dirigé une filière d’évasion de prisonniers de guerre.

Cet homme d’action était doublé d’un humaniste d’une grande culture ayant publié notamment d’excellentes d’études dans « le Pays Lorrain » sur les rapports des ducs de LORRAINE et des princes d’ANJOU et sur l’histoire de la CROIX DE LORRAINE. Il était Chevalier de la Légion d’Honneur.

Nous avons également une pensée particulièrement émue à la mémoire de notre cher camarade THIRION qui avait en charge l’intendance du maquis dont il assura le ravitaillement pendant toute cette période. Il le fit avec efficacité, esprit d’entreprise et une rare audace. Il était doué d’un remarquable sens des relations humaines. Militaire de carrière THIRION était Chevalier de la Légion d’Honneur. Il a été Président de notre association après le décès du docteur de MISCAULT.

Enfin après l’échec de SORNÉVILLE, le colonel BOURDILLAT (ex Colonel ROUARD ) accepta sans hésiter une seconde, la périlleuse mission qu’était venu lui confier le colonel de PRÉVAL.

C’est ainsi que nous avons trouvé le soir-même ce véritable chef de guerre, ancien combattant 14/18, équilibré, calme, sûr de lui, organisateur.

Il rassembla ses hommes et leur rendit espoir. Nous avions en face de nous un homme de métier. Il assura le commandement. Il fit passer le maquis de la forêt de RANZEY à celle de SORNÉVILLE, puis le reconduisit dans cette commune lors de l’arrivée des Américains.

Le colonel BOURDILLAT, ainsi que de nombreux camarades, s’engagèrent dans la première Armée Française. Il était Officier de la Légion d’Honneur.

Le maquis de RANZEY avait rempli la mission qui lui avait été donnée :

« Harcèlement des troupes allemandes dans la zone de NANCY Frontière. »

Cette centaine de jeunes gens étaient tous des volontaires, animés de l’esprit de sacrifice le plus total, au service de la France, pouvant aller jusqu’au sacrifice de leur vie.

« HONNEUR à RANZEY »

Henry BERLET

Membre du MAQUIS de RANZEY